Les aurores fragiles by Louise Caron

Les aurores fragiles by Louise Caron

Auteur:Louise Caron [Louise Caron]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Roman
Éditeur: JCL
Publié: 2022-08-15T04:00:00+00:00


10

Pendant qu’Hélène s’emmurait dans son double chagrin, n’ayant plus entendu parler de Randy, parti furtivement sans laisser d’adresse après le tragique décès de Bibianna, Lionel reçut enfin une lettre d’elle datée du début du mois, une lettre brève au contenu évasif. Il tournerait dans quelques jours la page du calendrier du mois d’août, déplorant l’arrivée prochaine de septembre marquant la fin du court été au soixante-neuvième parallèle. Il serait bientôt affecté au cap Dyer et bénéficiait pour l’heure de quelques jours de congé à la base de Frobisher Bay. Inquiet des rares lettres de sa fiancée depuis deux mois, Lionel décida de lui passer un coup de fil. Il prétexta une affaire pressante à régler pour obtenir l’autorisation de faire un appel téléphonique. Le silence anormal d’Hélène le préoccupait : une mise au point avec elle, de vive voix, s’imposait.

Quand la sonnerie de son téléphone retentit un dimanche matin de la fin d’août, Rose sursauta. Qui pouvait bien appeler à cette heure alors qu’elle s’apprêtait à se rendre à l’église ? Depuis quelques jours, Hélène était souffrante et d’humeur morose. Elle avait décidé de ne pas assister à la messe ce jour-là.

— Allô. Oui, elle est là. C’est toi, Lionel ? Comment vas-tu ?… Oui, d’accord. Je cours la chercher. Hélène ! C’est pour toi !

À l’autre bout du fil, Lionel s’impatientait : il ne pouvait attendre toute la journée. On avait exigé que son appel soit bref.

— Allô.

— Ah ! Enfin, c’est toi, ma princesse des Sept Mers ! Je suis tellement content d’entendre ta voix, malgré le grésillement sur la ligne. Comment vas-tu ?

— Je vais bien, lui répondit-elle sans joie, une hésitation dans la voix. Je travaille beaucoup, comme tu sais.

— Tu n’es pas obligée de travailler les samedis. C’est peut-être trop. Dans six mois, j’aurai économisé assez d’argent pour nous acheter une maison. Je t’en prie, laisse ce travail chez Landry. Tu n’en as pas besoin. Et puis, je me méfie un peu de cet homme.

— La ligne est vraiment mauvaise. Je t’entends mal. On verra, Lionel. Et toi, comment vas-tu ? Tu me manques.

— Tu dis que je te manque, mais tu ne m’écris pas souvent. Je me sens bien seul, ici, malgré les copains. Je viens de recevoir ta dernière lettre dans laquelle tu ne me racontes pas grand-chose. Je pensais que ce serait comme à Halifax, quand tu m’écrivais toutes les semaines, parfois deux fois par semaine. Qu’est-ce qui se passe ? Tu ne m’aimes plus ?

— J’entends à peine ce que tu me dis. Oui, oui, je t’aime, Lionel.

Hélène fit une pause, tentant de dissimuler son manque de conviction. Elle n’avait rien à raconter d’heureux à son fiancé et ne pouvait tout de même pas lui révéler les réels motifs de sa correspondance espacée.

— Mon amie Bibianne, l’étudiante de l’école d’été, je t’ai déjà parlé d’elle, je pense. Tu sais, celle qui était en pension chez ma voisine. Bien, Bibianne est morte lors du naufrage d’un bateau sur le Saint-Laurent, à la



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